vendredi 10 juin 2011


D'aspect insignifiant, trop bonasse dans son costume de maigre étoffe noire, il avait pourtant une âme. Cette âme était bonne. C'est pour cela qu'elle s'effaçait. L'habitude de cacher ses propres élans, de peur d'interrompre ceux des autres, le faisait paraître terne.
Les sublimes inutiles - Paul Mourousy

mardi 7 juin 2011


La ville est grande, si grande qu'on en voit jamais la fin. Peut-être qu'on pourrait marcher des jours et des jours le long de la même avenue, et la nuit viendrait, et le soleil se lèverait, et on marcherait toujours le long des murs, on traverserait des rues, des parkings, des esplanades, et on verrait toujours miroiter à l'horizon, comme un mirage, les glaces et les phares des autos.
La ronde et autres faits divers - Le Clézio

Quelquefois, il croit que la rue est à lui. C'est le seul endroit qu'il aime, vraiment, surtout au lever du jour, quand il n'y a encore personne, et que les voitures sont froides.
La ronde et autres faits divers - Le Clézio

dimanche 5 juin 2011


Les forces destructrices de la ville, les autos, les autocars, les camions, les bétonneuses, les grues, les marteaux pneumatiques, les pulvérisateurs, tout cela viendrait ici tôt ou tard, entrerait dans le jardin endormi, et puis dans les murs de la villa, feraient éclater les vitres, ouvriraient des trous dans les plafonds de plâtre, feraint écrouler les canisses, renverseraient les murs jaunes, les planchers, les chambranles des portes.
La ronde et autres faits divers - Le Clézio


Il y avait longtemps, aujourd'hui, très longtemps qu'il n'avait pas plu.On pouvait s'en rendre compte, rien qu'à l'odeur que dégageait la pluie, en se mêlant à la poussière des trottoirs.
Le procès verbal - Le Clézio 

Peut-être qu'il n'y a personne en vérité, personne dans ces grands immeubles gris aux milliers de fenêtres rectangulaires, personne dans ces cages d'escalier, dans ces ascenseurs, et personne encore dans ces grands parkings où sont arrêtées les autos ?
La ronde et autres faits divers - Le Clézio 

Samuel se dirigea vers la fenêtre pour voir à quoi, ce matin, ressemblait la rue. Elle ne ressemblait à rien. Elle était vide de tout, rigoureusement lisse et déserte à perte de vue. Un peu comme si, pendant la nuit, la ville avait fui en emportant avec elle les hommes et la vie.
Maria est morte - Jean-Paul Dubois